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Archéo Mellois textes et documents
12 août 2007

1731 : prise de possession du prieuré de Mougon

situer_Mougon_agrandi

 Niort, 17 septembre 1731

Prise de possession du Prieuré de Saint-Jean-Baptiste de Mougon
  par Frédéric-Constantin de la Tour d'Auvergne





Contenu

  17 septembre 1731 : le prêtre niortais Jean Cruvellier, procureur du nouveau prieur Frédéric-Constantin de la Tour d'Auvergne, vient prendre en son nom possession du prieuré Saint Jean Baptiste de Mougon. Les notaires royaux et apostoliques vérifient minutieusement l'authenticité des papiers, puis Jean Cruvellier exécute les actes rituels qui symbolisent la prise de possession de la fonction : aspersion d'eau bénite, génuflexion devant l'autel, lecture dans le livre de prières, baiser à l'autel, utilisation de la chaire priorale, sonnerie de cloche. Ensuite il va briser quelques branches dans le jardin pour signifier la prise de possession sur le temporel. La cérémonie se termine par une lecture publique de l'acte de prise de possession, afin de vérifier s'il n'y a pas d'opposition. Le document est signé par le curé, le vicaire, le fermier général  du prieuré et plusieurs témoins.

Les silences du texte

  Frédéric-Constantin de la Tour d'Auvergne ne s'est pas dérangé. Il est prêtre du diocèse de Paris, mais il est surtout membre d'une famille de la haute noblesse, frère de l'archevêque de Vienne abbé de Cluny.

Aucune allusion à la situation antérieure. Dans les papiers conservés des deux siècles antérieurs il n'était jamais question de l'abbé de Cluny. Le prieur en titre résignait en faveur du successeur qu'il s'était choisi, cette résignation recevait l'accord des services pontificaux et le visa de l'évêque de Poitiers. Et voici que l'abbé de Cluny ressurgit et attribue le prieuré à son propre frère. C'est probablement la conséquence de l'affaire Vigo-Particelle : depuis dix ans deux candidats de petite extraction et aux droits discutables se disputaient le prieuré. Ils ont perdu tous les deux.

Les personnages

Pourquoi Frédéric de la Tour d'Auvergne a-t-il choisi le prêtre niortais Jean Cruvellier  comme procureur ? Question sans réponse.

  Le fermier général Jean-Baptiste Monnet assiste à la cérémonie. Depuis quand est-il fermier du prieuré, et par qui a-t-il été nommé ? Probablement par Vigo, quatre ans plus tôt.

  Sont présents le curé de Mougon Lafitte et le vicaire Louis Hubert. Louis Hubert est-il vicaire du curé ou du prieur ? Probablement du prieur.

Le rituel de prise de possession

  Un acte concernant le prieuré de St Génard décrit un rituel de prise de possession assez différent, un siècle auparavant : le procureur se contente de toucher les montants des portes et les serrures. Seul point commun, la sonnerie de cloche. Cette sonnerie est certes un symbole de pouvoir, elle sert aussi à appeler la population qui doit entendre lecture de l'acte et pouvoir porter témoignage.




  Aujourd'huy dix-septiesme jour de septembre mil sept cent trente-un, avant midy, pardevant nous notaires royaux et apostoliques au diocèze de Poitiers, soubsignés, résidant à Niort, et requérant Mre Jean Cruvellier, prestre, chantre de l'églize parroissialle de Nostre-Dame dudit Niort, y demeurant, en nom et comme fondé de procuration en datte du sept de ce mois, receue par Mes Jude et Bulion, conseillers du roy, notaires au Chastelet, dhûment scellée et certifiée véritable par ledit sieur Cruvellier et paraphée ne varietur de nous dits notaires, laquelle est demeurée annexée à ces présentes pour y avoir recours, quand besoing sera, de très hault et très puissant prince, Monsieur Frédéric-Constantin de la Tour d'Auvergne, prestre du diocèze de Paris, y demeurant dans son hostel, rue de Bourbon, parroisse de Saint-Sulpice, ycelluy seigneur prince Frédéric-Constantin de la Tour d'Auvergne pourvu du prieuré de Saint-Jean-Baptiste de Mougon, ordre de Cluny, audit diocèze de Poitiers, par lettre de provision à luy accordée et conférée par Monseigneur l'archevesque de Vienne, son frère, abbé général de Cluny, estant électeur, en datte du premier de ce mois :

  Signé : l'arch. Viennensis, abbas glis Cluniacensis, et plus bas : denanduuta reverendissime et serrenissime principis Gaultron hoc relationi. Au pied desquelles lettres est aussy le certifficat de Monsr le Conseiller de la Chambre des Comptes de l'évesché de Strasbourg et proche de la ville de Saverne, pour lequel Il atteste que le papier timbré et le controlle ne sont point en uzage en la province d'Alzasse. Signé : S. Chilinge. Le tout dheument scellé.

  Nous sommes avecq luy transporté dans l'églize parroissiale dudit prieuré de St-Jean-Baptiste de Mougon, susdit diocèze de Poitiers, où estant a dit et desclaré qu'en vertu des dites lettres de présentation, il prenoit et comme de fait il a pris et apréhandé pour et au nom dudit seigneur prince Frédéric-Constantin de la Tour d'Auvergne, prestre, possession réelle, corporelle et actuelle du dit prieuré de Saint-Jean-Baptiste de Mougon, avecq tous et chascuns ses fruits, droits, proffits, revenus et émolluments et despandance, sans en faire aucune réserve, par la libre entrée qu'il a faite dans ladite églize, aspersion d'eau bénite, génufliction devant le grand autel, lecture et prières faittes dans le livre in-fol. trouvé sur icelluy ; baizer dudit autel, préséance dans la place prioralle, son de clauche (sic) et faisant cérémonye en pareil cas requis. Et de ladite esglise sommes entré et allez dans la maison et logis prioralle et dans les jardin et despendances où ledit sieur Cruvellier, au dit nom, a fait rupture de quelques branches d'arbres, le tout en signe de vraye prise de possession du dit prieuré, avecq tous ses dits fruits, droit, profit et revenus.

  De laquelle prise de possession le dit sieur Cruvellier audit nom a requis acte à nous dits notaires, que nous luy avons octroyez pour valloir et servir en temps et lieu ce que de raison, de ce qui il a esté par nous dits notaires desclaré à haulte et intelligible voye que le dit sieur Cruvellier pour mon dit sieur le prince Frédéric-Constantin de la Tour d'Auvergne, prestre, qu'ainsy prenoit ladite prise de possession, qu'il y estoit admis et introduit et de ce que à icelle il ne s'est trouvez aucun oppozant ny contre-disant. Fait et passé sur les dits lieux les jour et an que dessus.

  Et à l'instant nous sommes transportés au-devant de la principale porte et entrée de ladite églize où avons donné à haute et intelligible voye lecture des présentes, à ce que personnes n'en ignorent.
Lu en présence de Mre Jean-Anthoine-Alexandre Delafitte, prêtre et curé dudit Mougon, Mre Louis Hubert, prêtre, vicaire dudit Mougon, Mre George de Conty, escuyer, sieur de la Poitevinière, Me Claude Allain, et Jean-Baptiste Monnet, fermier dudit prieuré, et Pierre Barillet, marchand, tous demeurant audit Mougon.

  Et a esté présentement remis audit Cruvellier audit nom lesdites lettres de provision et adverty que icelle ainsy que les présantes sont subjettes aux obligations esclésiastiques audit Poitiers

  et soubsignez : Cruvellier, chantre de N.-D., De Lafitte, Louis Hubert, G. de Conty, Claude Allain, Monnet, P. Barillet, A. Lafiton, Baudin, nore royal apostolique.

Contrôlé à Niort, le dix-sept septembre mil sept cent trente-un. Reçu six livres. Signé : Dhuy.


  Document conservé aux archives départementales des Deux-Sèvres.

Texte publié dans le BSHS 2S, 1922, pp 129-131, communication Alphonse Farault.
Cette lecture comprend manifestement des inexactitudes, en particulier sur les formules latines.
Reste à vérifier l'original. FV

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Commentaires
L
Bonjour,<br /> <br /> Je travaille sur Jean (Baptiste) Charles Laveaux (1749-1827), qui sous le nom de Jean-Charles Thibault (originaire de Troyes) et après avoir enseigné la théologie à Paris en qualité probable de bénédictin (Saint-Maur?) a probablement été envoyé (exilé?) à Mougon vers 1769 ou 1770. Il a dû y rester au maximum 2 ou 3 ans puis est allé en Creuse, abbays de Bonlieu. Il a alors rencontré une nonne. Les deux amants (la nonne enceinte) ont décidé de fuir en Suisse fin 1773 et d'y prendre la religion réformée. Plus tard, Thibault, devenu Laveaux, sera prof. à Bâle, puis professeur à Berlin. Il aura aussi une belle carrière sous la Révolution...<br /> <br /> Auriez-vous rencontré ce nom? Il est possible qu'il soit aussi passé par Montierneuf...<br /> <br /> Cordialement,<br /> <br /> F. Labbé
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