Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Archéo Mellois textes et documents
21 mai 2007

1507 : l'aveu de Tranchant Parthenay

situer_Mougon_agrandi

1507

Aveu de Tranchant Parthenay

à cause de sa sœur Jacquette Guiard



Document conservé aux archives départementales de la Vienne.



  Il s'agit d'une reconnaissance de devoirs féodaux. Tranchant Parthenay se trouve être le vassal du prieur de Mougon pour un ensemble de bâtiments et de pièces de terre.

  Que peut-on dire du texte ?

Un texte truffé d'abréviations et de graphies symboliques, qui en rendent la lecture difficile.  Il témoigne d'un état antérieur : il comporte des archaïsmes (par exemple l'absence de préposition : "la terre qui fut feu Micheau Allain"), et tous les propriétaires et exploitants nommés sont morts. On a recopié un aveu précédent sans chercher à l'actualiser, et l'aveu précédent était peut-être lui-même une copie.
Le scribe a dû sauter quelques passages, soit par négligence, soit parce qu'il n'arrivait pas à les relire : ainsi pour le voisinage de la sixième parcelle il manque un "d'autre part."


aveu_pour_blog

Signature du juriste Benest "à la requeste dudict advouhant."
On peut observer juste au-dessus la technique d'écriture abrégée : "le présent jour du moys d'aougst"

   Que peut-on dire des biens ?

  Une localisation difficile : le texte ne les situe que vaguement et de manière incomplète, par rapport au voisinage. Les rares points fixes : Longe Pierre, les chemins de Niort et de Saint Maixent (= de Fressines), ainsi que la mention fréquente d'herbergements, permettent de les localiser dans la banlieue ouest de Mougon. Forment-ils un bloc ou sont-ils dispersés ?

  Une évaluation difficile : le texte donne parfois une surface approximative, parfois un revenu, jamais les deux. L'addition des revenus mentionnés se monte à 21 sous, alors que le total est évalué à environ 60 sous. Les revenus sont peut-être de natures différentes : il est parfois précisé qu'il s'agit de "coutume", parfois non. Un des herbergements rapporte sept sols, un autre quatre deniers, soit vingt fois moins.

  L'aveu révèle un émiettement de la propriété et de l'exploitation, caractéristique que l'on retrouvera dans les siècles suivants (cf la déclaration Garnault sur ce site, ou encore la thèse d'André Benoist : paysans du sud Deux-Sèvres XVIIème-XVIIIème, Geste Editions : des métairies constituées d'un ensemble de parcelles dispersées provenant de diverses acquisitions et relevant de diverses seigneuries). André Benoist tendait à attribuer la constitution de ces métairies aux XVème-XVIème  siècles. L'aveu de Tranchant Parthenay montre que la situation est déjà ancienne en 1500. Je me demande s'il ne faudrait pas reculer le processus au XIVème siècle.   
 
  Il y a dans la liste des parcelles trois herbergements, mais on n'y trouve ni prairie, ni pâtis, ni bois. Leur rassemblement éventuel ne constituerait pas une métairie fonctionnelle.

Que peut-on dire du seigneur et de son vassal ?

Je n'ai pas trouvé d'autre trace du prieur François de Chatillon (curieusement privé de "s") ni de l'écuyer Tranchant Parthenay. Le Quayray dont il se dit seigneur doit être Queray, hameau de la commune de Saint Gelais, de l'autre côté de la Sèvre, à une douzaine de kilomètres de Mougon.


Tableau récapitulatif des biens fonciers :  tableau_terres_aveu


Sachent tous que, du vénérable religieux et distrete persone dop François de Chatillon, prieur de Mougon et seigneur dudict lieu, et po t de sa prévôté et seigneurie dudict lieu de Mougon, Je, Tranchant Parthenay, escuier seigneur de Quayray, tient et advouhe tenir, à cause de Jacquete Guiarde sa soeur damoiselle, à foy et homage plain, cinq solz de devoir et mortemain quant ce cas cy advient, et deux solz six deniers de seigneurie en la fin de l'an, les choses qui s'ensuyvent :

Premièrement une pièce de terre, contenant en soy dix boicellées de terre ou environ, tenant à la terre qui fut Micheau Allain, clerc, et d'autre part à la terre qui fut Jehan Gaultier.

Item une minée de terre ou environ, tenant d'une part et d'autre aux terres dudict monsr le prieur.

Item six boicellées de terre ou environ, tenant d'une part à la terre des hoirs dudict sieur Micheau Allain, et d'autre part à la terre qui fut Jehan Maulin.

Item une pièce de terre, laquelle souloit tenir feu Jehan Floret à cause de sa ferme, sur laquelle j'ay en nom que dessus troys solz six deniers de coustume chascun an, et se tient ladicte terre au grant chemyn de Nyort d'une part et à l'herbergement qui fut Guillaume Flandrin d'autre part.

Item ung herbergement, lequel souloit tenir de moy en nom que dessus feu Guillaume Guiard à sept solz de coustume chascun an, tenant d'une part à l'herbergement des hoirs feu Guillaume Flandrin, et d'autre part à l'herbergement qui fut Jehan Symonnet.

Item une ousche, laquelle souloient tenir de moy les héritiers feu Guillaume Flandrin à deux solz de coustume, et se tient d'une part ladicte ousche à l'herbergement qui fut Jehan Moucler.

Item une pièce de terre, laquelle tiennent de moy les héritiers feu Jehan Symonnet à troys solz de coustume par chascun an, et se tient d'une part à l'herbergement des hoirs feu Guillaume Flandrin et d'autre à l'herbergement qui fut Regnault Prioux.

Item une pièce de terre, que souloit tenir de moy en nom que dessus feu Regnault Prioux à quatre solz de coustume par chascun an, tenant d'une part à la terre dudit feu Jehan Symmonet, et d'autre à la terre qui fut Jehan Gaultier.

Item ung herbergement, sur lequel j'ay quatre deniers de coustume par chascun an, qui fut jadis es Guiards, tenant d'une part à l'herbergement qui fut messire Guillaume Ripault, presbtre, et d'autre à l'herbergement qui fut feu Regnault Maucler.

Item une pièce de terre, assise à Longue Pierre, qui fut feu Micheau Allen, clerc, tenue de moy au nom susdict à seize deniers de coustume par chascun an, tenant d'une part au chemyn par [où] l'on va de Mougon à Sainct Maixent, et d'autre part à l'herbergement qui fut au Guillaume Muche.

Item ung herbergement et une housche, que souloit tenir Jehan Paillards et ses personnes, tenant d'une part à l'herbergement qui fut Jehan Symonnet, et d'autre à l'herbergement qui fut Jehan Symonnet, et d'autre à l'herbergement des hoirs feu Guillaume Symonnet.

Item une sextrée de terre ou environ, tenant d'une part à la terre qui fut feu Pierre Gautier, et d'autre à la terre qui fut Jehan Paillon, et touche d'un chief au grant chemyn de Nyort.

Item dix boicellées de terre ou environ, tenant d'une part à la terre qui fut feu Micheau Allen, et d'autre à la terre qui fut à la Paziote de Nyort.

Pouvent bien valoir ces choses dessusdictes, en nom que dessus, soixante solz de rente ou environ, selon usage et coustume de païs.

Cesquelles choses susdictes, Jedict Parthenay, en nom que dessus, advouhe justice et juridiction telle et semblable que les prédécesseurs de madicte sœur ont acoustumé et avoir usé et exercé, et preste d'acroistre, d'amandier, corriger, modiffier, spéciffier, et plus à plain declairer, en lieu et en temps, et quant mestier sera, et qu'il viendra à ma notice et cognoissance dedans le temps que la coustume du païs donnet.

En tesmoing desquelles choses, Jedict Parthenay, en nom que dessus, ay faict signer à ma requeste ce présent fief ou adveu du seign manuel de notaire cy soubscript, Et à plus grant confirmation l'ay scellé du scel à mes armes, le présent jour du moys d'aougst, L'an mil cinq cens et … sept.

BENEST  à la requeste dudict advouhant 


manuscrit conservé aux archives départementales de la Vienne

photos Anne Brun - lecture François Vareille

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité